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L’Orient le Jour interview about Naame Shaam’s report ‘Iran in Syria’

OLJOLJOLJLOJ-2Naame Shaam’s Fouad Hamdan was interviewed by the Beirut-based, French-language L’Orient le Jour on 1 December 2014 about our “Iran in Syria” report.

 

MOYEN ORIENT ET MONDE

«Le régime syrien n’existe plus de facto»

ENTRETIEN

Pour Fouad Hamdan, activiste et fondateur du groupe Naame Shaam, Téhéran est aujourd’hui une force d’occupation et non plus seulement l’allié de Damas.

Samia MEDAWAR | OLJ | 01/12/2014

D’après l’article 42 du Règlement de La Haye de 1907, un « territoire est considéré comme occupé lorsqu’il se trouave placé de fait sous l’autorité de l’armée ennemie ». C’est principalement sur cette définition que se base Naame Shaam, groupe d’activistes créé par le Libano-Allemand Fouad Hamdan et ses collaborateurs libanais, syriens et iraniens pour dénoncer ce qu’elle appelle l’« occupation iranienne en Syrie » dans un rapport récent*.

Car l’activiste est catégorique : le régime syrien « n’existe plus de facto ». Ce qu’on appelle aujourd’hui « le gouvernement à Damas est totalement contrôlé, à tous les échelons, par l’Iran, et ce depuis 2012 », lorsque la cellule de crise du régime syrien a été la cible d’un attentat à Damas. Selon l’activiste, « (le président syrien Bachar el-) Assad était prêt à lâcher l’Iran et le Hezbollah pour conclure un accord avec des pays du Golfe, dont l’Arabie saoudite et les États-Unis avec lesquels il était en contact » depuis le début de la crise syrienne en 2011. Et c’est pour couper court à ces négociations que le général Qassem Souleimani, haut gradé des gardiens de la révolution en Iran, a pris les choses en main et décidé de se débarrasser de cette cellule de crise (qui comprenait entre autres le vice-ministre de la Défense et beau-frère de Bachar el-Assad, Assef Chawkat, et le ministre de l’Intérieur Mohammad al-Chaar).

«Vietnam» iranien

La République islamique n’a jamais nié avoir envoyé des « conseillers » en Syrie pour appuyer le régime ; la présence de combattants du Hezbollah aux côtés de l’armée loyaliste est un secret de polichinelle. Mais encore ? Selon le rapport de Naame Shaam, d’abondantes preuves existent, prouvant la mainmise de l’Iran sur le régime syrien, dont entre autres de nombreux témoignages de personnes sur place ou ayant fui le pays, ainsi que des informations ayant filtré brièvement dans les médias iraniens avant de « disparaître ». Il ne faut pas oublier non plus que Téhéran a injecté des milliards de dollars dans ce que Fouad Hamdan appelle le « Vietnam » iranien, afin de maintenir la Syrie à flot, et financer son régime et son armée.

L’activiste va plus loin : l’État islamique (EI), émanation d’anciens cadres baassistes irakiens, ne combat pas réellement le régime Assad, contrairement au Front al-Nosra, réelle et principale force d’opposition. Il y aurait de nombreux témoignages et preuves, d’ailleurs cités dans le rapport de Naame Shaam, que dès le début des violences en Syrie, des centaines de jihadistes, notamment d’el-Qaëda, ont été libérés des geôles du régime syrien pour justifier la répression de plus en plus violente d’ « éléments terroristes » s’attaquant au régime. Plus encore, les pasdaran iraniens auraient entraîné et mis en place les tristement célèbres chabbiha sous le nom de Force nationale de défense (FND) et formée sur le modèle des bassidjis iraniens. La FND serait actuellement composée de plus de 70 000 membres, hommes et femmes.

Il est évident que la raison première et principale à cette immixtion vient de la volonté de vouloir maintenir une voie d’acheminement d’armes au Hezbollah à travers la Syrie, d’où l’importance, entre autres, de la bataille de Qousseir, géographiquement cruciale, entre avril et juin 2013, que le régime et le parti de Dieu ont fini par remporter. Sauf que, juge M. Hamdan, cette bataille a également signifié le début de la fin pour le Hezb, aujourd’hui embourbé dans un conflit dont il ne peut sortir qu’ « humilié et perdant », la chute du régime iranien étant « inévitable » selon lui. L’égo, la soif de puissance, une répression de plus en plus généralisée, une opposition quasi inexistante, une économie moribonde, autant de facteurs qui permettent à M. Hamdan d’affirmer que la République islamique court à sa perte : « Plus on monte en puissance, plus dure est la chute, comme l’histoire l’a déjà prouvé. »

«L’Iran en Syrie : d’un allié du régime à une force d’occupation» – 150 p.

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